Majima Karen ♣︎ J'emmerde la Reine de Coeur, bitches, la Reine ici c'est moi

Vous savez, je n’ai pas toujours été la garce prétentieuse dissimulée sous un visage et une attitude d’ange que tout le monde connaît. Non. Fut un temps, j’étais réellement gentille, douce, attentionnée. La petite fille parfaite, quoi. Cette petite fille, je l’ai vomie et j’en suis fière. Je l’ai vomie en me brûlant les entrailles et aujourd’hui encore, elles me brûlent. Avant que vous ne demandiez quoi que ce soit à propos de ma famille, je n’ai que Kanon. L’autre K. Ni la première, ni la deuxième. Juste l’autre. Nos prénoms se ressemblent mais nous ne sommes que cousines. Comme des soeurs, cependant. En tout cas, je l’aime comme ma soeur. Elle est la seule que je respecte et que j’admire.

Mes parents ? Morts. Crash d’avion. Le 3 février 2005, le vol 904 de la compagnie Kam Air s’écrase en Afghanistan, faisant 104 victimes, dont parmi elles Majima Kenchiro et Ella. Je n’étais pas là, restée au Japon car à 12 ans, on va encore à l’école comme tous les autres et on crèche chez papi et mamie. Je ne sais plus exactement combien de temps après le crash j’ai appris leur mort. Ce dont je me souviens, c’est de l’étincelle de vie qui s’est éteinte dans les yeux de ma grand-mère quand elle a été informée du décès de son fils. Je pleurais comme un bébé à ce moment-là, mais je m’en souviendrais toujours. Elle qui était une femme forte, énergique et au caractère brûlant est devenue une dame faible, malade. Morte de l’intérieur. Je suis allée à l’enterrement de mes parents, dans les bras de mon grand-père. Mais au-delà de ce geste, il ne pouvait pas m’aider. Il devait avant tout s’occuper de sa femme et, à son âge, j’aurais été une trop grande charge. Quand j’y repense, j’ai encore mal mais je me dis que c’est pour mon bien qu’il a fait ça.

M’envoyer en Corée a été le meilleur choix qu’il aurait pu faire. Je ne connaissais que très peu la famille du côté de mon père. Tout ce dont je me souvenais c’était de Kanon. Je l’avais adorée au premier regard. Elle était devenue mon idole, mon modèle. La fille à devenir absolument. Au final, je me demande si je ne suis pas devenue cent fois pire qu’elle. On n’est pas vraiment devenues celles qu’on aurait rêvé d’être, étant petites. C’est malheureux, la vie.

Sinon, tenez, un peu d’informations pratiques pour vos petites oreilles avides. Je vis toujours en Corée avec Kanon. J’fais des études d’art du spectacle à défaut d’autre chose, mais plutôt et surtout pour pouvoir rester près d’elle. Et, sans me vanter, je suis une des bloggeuse mode les plus connues et respectées en Corée.

Peace out, bitches.