it's time for a little talk buddy Δ

Min Gyu avait l'impression de mourir en sortant de l'amphi' ou il venait d'assister à son cours de chimie de la matinée. Sérieusement, les cloîtrer dans dans espaces aussi restreints et peuplés par des conditions météorologiques pareilles, c'était juste inhumain. Il retira sa casquette pour ébouriffer ses cheveux roux et essuyer la sueur sur son front, l'air éreinté. En même temps, comme ne pas l'être après avoir cuit deux heures et demi dans un amphi digne d'un micro-ondes. Les autres élèves qui sortaient devant lui ressemblaient eux aussi à des zombies, vidés de leur énergie vitale. La prochaine fois, il penserait à apporter un ventilateur tiens. Ils n'étaient pas très futés ces professeurs tout de même, à vouloir que leurs classes se tiennent correctement pendant les cours alors que c'est la canicule dehors comme dedans. Enfin, ce n'est pas demain qu'il changerait quoi que ce soit au sein de cette fichue école, alors autant se fondre dans la masse et rentrer dans le moule comme tout le monde. Se faire remarquer était certainement l'une des pires choses à faire, surtout en prenant en considération le système des cartes de l'école. Celui qui fait son malin peut rapidement le regretter lorsque tout le monde se monte contre eux pour leur donner bien généreusement la carte du joker. Un frisson parcourut son échine rien qu'en y pensant, et il secoua la tête en ouvrant son casier, pour y déposer ses affaires et alléger son sac. Etre joker, target autrement dit, était certainement la pire des choses qui pouvaient arriver. Il ne laisserait pas cette maudite carte lui tomber dessus, jamais. Quitte à devoir marcher sur les plates-bandes des plus faibles, il préférait que ce soit eux plutôt que lui. Un bâillement lui fit couvrir sa bouche de la main, et soudainement, il se rappela de quelque chose d'important qu'il avait à faire aujourd'hui. Oui, parce que les muscles de sa mâchoire sont reliés à ses neurones, en fait, c'est la base de l'anatomie humaine. Il sortit son portable en s'accoudant à son casier, repérant le numéro de lawliet dans son répertoire pour l'appeler. Plusieurs sonneries, mais rien au bout du fil. « Aish... » grogna-t-il d'une voix basse, se rabattant sur un sms gronchon clamant au jeune médium de le rejoindre aux casiers du bâtiment d. Il n'avait plus qu'à espérer que ce dernier lui réponde rapidement et positivement, surtout.

Ce qu'est plutôt bien avec le nombre de ta carte, c'est que le monde ne le regardait pas de haut. Les élèves qui avaient un nombre inférieur au sien se faisaient tout de suite repérer, parce qu'ils essayaient d'être discrets et silencieux en passant devant lui. C'était pas naturel du tout, juste un peu suspect. Une école qui fonctionne ainsi...c'était bizarre. Il avait fini par s'y habituer au fil des années, mais franchement, ce manège ridicule commençait à devenir écœurant. Déjà dans les écoles normales, la plupart des élèves relativement faibles étaient persécutés, alors si en plus on y ajoutait des sortes de rangs, ça craint. Min Gyu haussa les épaules, pas plus concerné. Il avait appris à survivre dans cette jungle, et il avait compris que ramener sa fraise venait à se désigner directement comme le prochain sur la liste. Il baissa les yeux quelques instants pour vérifier l'écran de son téléphone, sur lequel s'affichait un nouveau message. Il commençait à taper une réponse, lorsqu'un poids s'abattit sur lui. Bien sûr, au début, Min Gyu se fit tout un film, en s'imaginant que quelqu'un s'en prenait à lui. La violence était courante, surtout venant des plus hauts-gradés. Mais il reconnut rapidement l'odeur qui accompagnait celui qui l'étouffait presque dans ses bras, une odeur qu'il portait sur lui-même lorsqu'il passait trop de temps avec ce garçon. Il le laissa faire sans pour autant replier ses bras autour de son ami, son regard déviant ailleurs que sur les cheveux qui chatouillaient son nez. Parce qu'il ne pouvait s'empêcher de sentir son cœur lui faire mal à chaque fois que le médium se rapprochait de lui de la sorte. Il avait tout fait pour effacer les souvenirs douloureux d'il y a 10 ans, mais ils revenaient sans cesse, parce qu'ils accompagnaient lawliet chaque jour. Lawliet souriait, comme d'habitude, il devait être heureux aujourd'hui. Contrairement à moi, songea-t-il amèrement, en rangeant son téléphone dans la poche de son pantalon. Il se sentait soudainement coupable de devoir gâcher le bonheur de lawliet, mais il avait besoin d'éclaircir certaines choses avec lui. « Il faut qu'on parle. Sérieusement. » déclara-t-il, avant de saisir le poignet de lawliet, pour l'emmener avec lui plus loin dans le couloir, là ou les élèves se faisaient moins nombreux. Il ne voulait pas que tout le bahut soit au courant de leur histoire non plus. « Je vais pas tourner autour du pot. Pourquoi, il y a 10 ans, tu ne m'as pas dit ce que tu ressentais pour moi ? »

Il fuyait le problème, et c'était terriblement frustrant pour son interlocuteur, qui leva les bras au ciel. Min Gyu ne comptait pas se transformer en une véritable drama queen aujourd'hui, surtout avec Lawliet, mais il ne pouvait pas supporter que ce dernier nie ce qu'il avait un jour pu ressentir pour lui. Il avait grandi, et il avait commencé à suspecter des choses, surtout considérant le comportement plus que tactile de Lawliet envers lui. Ce dernier rétorquait toujours que c'était la même chose avec tout le monde, mais il avait se doutes. Il trouvait ça affligeant de se dire que si ils avaient ouverts leurs bouches au bon moment, alors peut-être n'aurait-il pas eu son cœur brisé, et peut-être même qu'ils auraient pu avoir quelque chose, même à distance. « Menteur. » renchérit-il une fois que Lawliet eut fini de parler, croisant cette fois-ci ses bras sur sa poitrine, pour lui montrer qu'il ne le laisserait pas partir comme ça, sans avoir réglé cette histoire. Il était clairement temps de mettre les points sur les-i, sinon leur amitié risquait d'en pâtir un jour ou un autre, et Min Gyu ne voulait pas que ça arrive. Il ne faisait confiance à personne ici, Lawliet était bien un des seuls qu'il arrivait à voir en personne sans se demander si il n'allait pas le frapper dans le dos un jour ou l'autre. Il faisait confiance au jeune médium, il ne voulait pas que cette confiance s'établisse sur des bases fragiles pour disparaître. « Je vais te le redire, mais moi... » Il fit une brève pause en constatant qu'un groupe de garçons les observaient de loin, s'assurant de leur jeter un regard noir qui leur suggérait de déguerpir, avant de reprendre ou il s'était arrêté. « Moi je t'ai aimé. Vraiment. Je n'avais peut-être que 12 ans, mais c'était la première fois que j'étais amoureux de quelqu'un. Et c'était génial. » Nouvelle pause, cette fois-ci pour frotter son menton d'un geste nerveux. Parce qu'évoquer ses 12 ans et son expérience amoureuse bien ratée était quelque chose de gênant pour lui, malgré le fait qu'il ait désormais passé la barre de la vingtaine. « Alors dis-moi la vérité. Je m'en fiche que ce soit blessant, que ça me fasse mal. Je veux juste savoir si oui ou non, tu ressentais aussi quelque chose pour moi. »

Min Gyu avait remarqué cette vilaine habitude chez son ami, de tourner le dos à ses responsabilités une fois qu'elles se présentaient à lui. Il ne savait pas pourquoi, mais Lawliet n'avait même pas conscience de l'effet qu'il produisait autour de lui. Il savait mieux que quiconque que si les gars comme les nanas se retournaient sur son passage, ce n'était pas juste à cause de son joli sourire, mais aussi pour son sublime derrière. Lawliet était le type d'à peu près tout le monde, et le problème, c'est qu'il ne répondait jamais positivement à ces personnes, qui ressentaient quelque chose pour lui. Il était lui-même énervé, mais toute sa frustration disparut en rencontrant le regard venimeux de Lawliet. « C'est bon, tu sais que c'est pas ce que je voulais dire. » Il ne savait pas s'excuser, mais l'intention était bel et bien là. C'était le mieux qu'il puisse faire actuellement, chacun ses défauts. Il ne pourrait juste pas supporter l'idée que Lawliet soit fâché contre lui et coupe les ponts pour ça avec lui. Son absence sur son écran d'ordinateur l'avait suffisamment endommagé comme ça, il n'avait pas non plus besoin de gâcher leur amitié maintenant qu'ils étaient en face de l'autre, en chair et en os. Mais le jeune médium était têtu, et visiblement, il n'était pas prêt de lâcher le morceau, qu'importe le chantage qu'il lui ferait subir. C'était franchement décourageant, mais Min Gyu avait appris à ne jamais abandonner, surtout en ce qui concerne ses proches. Et surtout en ce qui concerne Lawliet, il est spécial à ses yeux, il ne fait même pas partie de ses amis ou meilleurs amis. C'est son trésor, la prunelle de ses yeux, sa septième merveille qu'il ne partagerait pour rien au monde. Une moue irritée vint se placer sur son visage. Il n'aimait pas l'entendre parler de la sorte, le blesser intentionnellement. Est-ce qu'il en était conscient au moins, que ses mots ressemblaient à des flèches qui l'atteignaient en plein cœur ? « Donc tu préfère qu'on enterre ce sujet et qu'on en parle plus ? J'aurais l'esprit plus tranquille en apprenant la vérité, Lawliet. » C'était dur pour lui de l'entendre dire qu'il n'avait pas fait assez d'efforts concernant leur relation, parce qu'il était impuissant à l'époque. « Et tu aurais aimé que je fasse quoi, au juste ? Que du haut de mes 12 ans, je prenne l'avion et vienne te retrouver en nouvelle-zélande avec mes trois pièces d'argent de poche ? Pour quoi, que tu me dise que tu ne ressente rien pour moi en fin de compte ? »

Il fut presque choqué de la révélation que lui fit Lawliet, et qui sembla illuminer les recoins les plus sombres et les plus poussiéreux de son esprit. Oui, pourquoi n'avait-il jamais demandé à ses parents de l'emmener en voyage là-bas par exemple ? Avait-il une excuse pour ça ? Parce que plus il cherchait quelque chose à répondre, et plus les mots se retrouvaient coincés au fond de sa gorge. La situation prenait une tournure qu'il n'avait pas prévu, franchement. S'il pensait qu'ils allaient se parler et se dire la vérité, il s'était lourdement trompé. « Parce que-Parce que... » balbutia-t-il faiblement en essayant de réfléchir plus vite pour se défendre. Mais Lawliet avait raison sur ce point. Le problème reposait aussi sur ses épaules, parce que si ses parents avaient acceptés son homosexualité sans plus d'état d'esprit, Min Gyu, lui, se sentait terriblement coupable vis-à-vis de son orientation sexuelle. C'est peut-être pour ça qu'il n'avait jamais rien dit à son ami, qu'il s'était contenté de le regarder de loin. Ses dents ravageaient ses lèvres à cause de la nervosité qui s'emparait désormais de son corps, comme il constatait qu'il perdait face à Lawliet, alors que le but de cette conversation était de lui montrer qu'i avait eu tort. Mais au bout du compte, le médium savait mieux que lui qui avait eu tort dans l'histoire. « Laisse-moi au moins m'excuser alors ? J'avais 12 ans, et être...comme ça n'était pas ce que j'avais prévu ! » s'exclama-t-il en saisissant à nouveau le poignet de Lawliet, pour l'empêcher de partir. Pour s'assurer qu'il ne le ferait pas, il échangea leurs positions, faisant en sorte que Lawliet soit celui avec le dos au casier, lui se plaçant face à lui de sorte à ce qu'il ne prenne pas la suite. « Et puis si tu ressentais quelque chose pour moi et que tu me l'avais dis, je serais venu. J'aurais essayé. »

Et oui, il n'avait aucun argument, son bouclier avait été percé par les mots de Lawliet. Qu'y avait-il à ajouter, devait-il s'enfoncer encore plus dans le bourbier ou il avait plongé depuis le début de cette conversation ? Min Gyu pensait pouvoir garder le contrôle dans cette situation, mais il se rendait compte, avec déplaisir, que ce dernier lui avait échappé depuis longtemps, et que Lawliet en était désormais le maître. Il devait trouver le moyen de renverser les rôles, mais plus il essayait de réfléchir et plus la culpabilité s'emparait de lui. En effet, peut-être n'avait-il pas tout essayé pour sauver leur relation, pour la commencer en vrai, et non pas la continuer juste sur un écran d'ordinateur. « Et si j'essayais aujourd'hui ? Est-ce que t ressentirais quelque chose pour moi ? » reprit-il en affrontant les yeux de glace de son ami, qui à l'instant-même lui apparaissait plus comme une montagne sur son passage qu'autre chose. Il n'aurait jamais du l'affronter sur une histoire du passé, mais il aurait aimé savoir. Pour se réconforter ou au contraire, se sentir encore plus coupable, il n'en avait aucune idée. Il se rendit compte de ce qu'il venait de dire, et laissa enfin Lawliet respirer en se poussant un peu de lui, ébouriffant de manière énervée ses cheveux roux. « Putain, je dis vraiment que des conneries moi aujourd'hui...tu crois que le soleil peut faire fondre les neurones ? » C'était hors-sujet, mais il avait soudainement besoin de faire comme son ami, et de passer à autre chose. Plutôt que de rester coincé sur une rive différente de celle du médium, il préférait traverser pour le rejoindre sur la sienne. « Je sais, on en avait parlés, mais je sais pas, aujourd'hui, ça m'est revenu d'un coup d'un seul. Je crois que je flippe envers mon moi-même d'il y a 10 ans. » plaisanta-t-il en essayant de sourire, sourire qui se transforma en grimace rapidement. L'ambiance était définitivement mauvaise entre eux, aujourd'hui.

Il le ferait, il n'y avait aucun doute là-dessus. L'un comme l'autre seraient tout à fait capable d'éprouver de l'amour si c'était pour satisfaire l'autre. Les sentiments qu'il avait fait disparaître de force autrefois pouvaient revenir sans crier gare, sans le prévenir. Et il ne serait peut-être même pas capable de se défendre contre eux, peut-être qu'il se retrouverait à l'aimer, encore une fois. Fatigué par la chaleur et par le cercle dans lequel ils tournaient en rond depuis le début de leur conversation, Min Gyu colla également son dos aux casiers, enfonçant sa casquette sur son crâne pour cacher le plus possible son visage. Mais il savait que Lawliet le connaissait mieux que quiconque ; il serait le premier à voir le regret qui s'installait dans son regard. « Je sais. Je sais. C'est dommage. » murmura-t-il entre ses dents serrées, son regard se perdant sur le mur blanc cassé en face d'eux. S'il s'était accroché, s'il avait essayé de nager à contre-courant alors il aurait pu retrouver Lawliet et faire face à ses sentiments. Mais il avait été un lâche et ce depuis le début, et se rendre qu'il n'avait pas changé alors qu'il avait passé la vingtaine le décourageait. Il ne s'autorise à se détendre qu'en entendant le rire si particulier de Lawliet, un sourire faisant peu à peu son chemin jusqu'à ses lèvres. « Faut croire que le destin nous réserve d'autres partenaires. Mais je te ferais toujours passer avant tout. » Ses mots furent étouffés dans le raffut des chaises qui grincent contre le sol, des portes qui claquent dans le couloir. C'est la pause de midi, et encore heureux, sinon ils seraient tous deux en retard pour leur prochain cours. Commencer une relation aujourd'hui avec Lawliet lui semblait impensable, parce que même en étant son ami, le voir et devoir partager ses câlins le rendait inconfortable. Alors s'il devait l'embrasser et aller plus loin, il risquait de reculer à chaque fois, et en agissant de la sorte, il ne ferait que blesser le médium encore plus. « Tu veux venir manger avec moi ? Je sais que la bouffe de la cafèt' est pas terrible, mais à deux elle sera meilleure. » proposa-t-il en se redressant, tournant la tête en direction de son ami, tout en repoussant sa casquette, histoire que Lawliet puisse voir ses yeux.

Il y avait eu un changement d'humeur chez le jeune médium depuis qu'ils s'étaient retrouvés et que le jeune trèfle avait osé parler de l'époque ou un écran d'ordinateur et un océan les séparaient. Min Gyu pensait que la joie de vivre habituelle de son ami referait son apparition, parce qu'il n'était pas du genre à rester en colère très longtemps. Cependant, son comportement était presque apathique, et c'est presque comme toute envie de faire quoi que ce soit avait quitté son corps. Min Gyu connaissait bien ce genre de sentiment, puisque c'était ce qu'il expérimentait chaque jour en se réveillant d'une sieste prise à l'improviste. Le sourire de Lawliet se voulait convainquant, mais il ne ressemblait pas à ceux qu'il avait l'habitude d'arborer. Min Gyu jeta un coup d’œil aux élèves qui se pressaient en direction de la cafétéria, et même si son ventre grommelait de faim, il secoua la tête en réponse. « Je n'y vais pas non plus alors. J'irais acheter des snacks plus tard. » Nonchalant, il enfonça ses mains dans ses poches, son regard s'attardant plus que prévu sur le visage de son ami. Il essayait de distinguer quelque chose dessus, comme la preuve qu'il l'avait blessé en ramenant cette vieille histoire à la surface, alors que tous deux s'étaient résolus à l'enterrer autrefois. Les mots qu'il ajouta firent sursauter Min Gyu, qui fronça les sourcils. « Et manquer les cours ? C'est pas ton style, ça. Est-ce que ça va ? » demanda-t-il en portant par réflexe sa main au front du jeune médium, comme pour lui diagnostiquer une quelconque fièvre. Mais sa température était normale, et si elle était plus haute que la normale, c'était uniquement à cause de la chaleur à l'extérieur. « Tu veux qu'on aille aux arcades en ville ? » Min Gyu aimait bien, de temps à autre, se détendre en jouant aux jeux vidéos, parce que même s'il était fainéant, il restait un jeune adulte masculin normal. Et puis, s'il pouvait faire quelque chose pour distraire Lawliet, il le ferait volontiers.

Pourquoi avait-il cherché à se blesser dans le processus d'obtenir la vérité de la part de Lawliet ? Parce que maintenant, l'amour auquel il avait du dire adieu autrefois revenait par vagues dans son cœur, et bordel, c'est que ça faisait un mal de chien. Entre ça et la culpabilité qui l'envahissait pour ne pas avoir poussé sur ses limites lorsqu'il avait 12 ans, c'était beaucoup trop pour une seule journée. Il sut lorsqu'il toucha le front de son ami, et que ce dernier lui jeta un regard soutenu, qu'il n'aurait pas du. Il récupéra sa main en pinçant les lèvres, son regard déviant sur les casiers juste derrière l'épaule du médium. Bizarrement, il ne savait plus quoi dire, parce qu'il avait déjà bien foiré, et que visiblement, ce ne serait pas aussi facile à pardonner que d'autres choses. Jusque-là, Lawliet lui avait tout pardonné, de son humeur de merde jusqu'aux lapins qu'il lui mettait parce qu'il s'endormait tout le temps. Aujourd'hui cependant, sa bonté avait disparu. Ses épaules s'abaissent considérablement lorsque Lawliet refuse sa proposition, ses doigts frottant les uns contre les autres par nervosité. « Pas que. Je m'inquiète pour toi, c'est si dur à croire ? » reprit-il en réponse au médium, dont le ton restait froid et stable, alors que le sien continuait de descendre dans les graves. Décidément, il avait bien foiré sur ce coup-ci, et tout ce qu'il avait envie de faire, c'était de rabattre sa casquette pour couvrir son visage tout entier et partir en courant. Sauf qu'il ne pouvait pas se permettre de terminer cette conversation de la sorte. Lawliet serait le premier à le faire, il pouvait au moins le laisser prendre congé de lui pour aller se réfugier ailleurs. Est-ce qu'il se mentait à lui-même, est-ce qu'il se voilait la face rien qu'avec leur amitié actuelle ? Pouvait-il cacher pendant encore longtemps le trou que leur relation du passé avait laissé dans son cœur, cette cicatrice indélébile qui se rouvrait à chaque fois qu'il posait les yeux sur Lawliet ?

Dieu seul savait que si Lawliet n'était pas Lawliet, il aurait abandonné cette discussion depuis longtemps, et lui aurait tourné le dos sans remords. Sauf qu'on parlait de Lawliet actuellement, et que le jeune trèfle était capable de tout sauf de le laisser tomber. Il n'était pas à lui mais c'était tout comme ; Min Gyu s'imaginait mal le partager avec quelqu'un, et rien que de savoir que le médium partageait sa chambre avec Eden le mettait sur les nerfs. Leur relation pouvait sembler malsaine quelques-fois, comme aujourd'hui. Mais il était persuadé que c'était juste une passe comme d'autre, que ça finirait bien par s'étouffer dans l'oeuf. Nouveau soupir de la part de Lawliet, et indécis quand à la suite, Min Gyu ne broncha pas à ses paroles. Min Gyu avait toujours su se débrouiller, avec ou sans lui, et il ne doutait pas de sa capacité à recommencer. Quoi que ses incessants câlins envers les autres prouvaient tout le contraire. Il n'en avait peut-être pas l'apparence, mais il était quelqu'un de relativement fort mentalement. Le soulagement traversa son corps tout entier en sentant son ami se coller à son dos. D'ordinaire, il ne supportait pas ce genre de toucher, mais après une telle discussion, il n'allait pas le repousser. Au contraire, il attrapa les bras de Lawliet pour les tirer en avant, plus près de son cou, là ou ses lèvres effleuraient sa jugulaire. « D'accord, on arrête de parler de ça. » jura-t-il en souriant doucement, tournant la tête suffisamment pour ébouriffer les cheveux de son ami. Bien sûr, ne pas connaitre la vérité allait le tarauder encore un moment, mais il savait qu'il finirait tôt ou tard par oublier cette histoire. Il leur faudrait juste du temps, à tous les deux, pour oublier ce qui aurait pu être et qui n'avait jamais eu lieu. « Tu veux retourner à ta chambre ? On peut juste dormir pour cet après-midi, et tant pis pour les cours. » souffla-t-il en continuant de tenir les mains de Lawliet dans les siennes. Il ne savait pas si c'était l'âge ou la gentillesse constante de Lawliet, mais lui-même commençait lentement mais surement à s'adoucir aux gestes d'affection de ce genre.

Il n'y avait personne d'aussi particulier et spécial que Lawliet dans sa vie, à vrai dire. Il avait de bons amis, mais qui n'étaient pas aussi précieux à ses yeux que le jeune médium, et il était persuadé que même avec un petit-ami, il continuerait à le couvrir d'attention et d'affection, quitte à rendre son petit-ami jaloux de leur intimité. Personne ne pourrait lui retirer son rayon de soleil, jamais. Et il ferait désormais plus attention à l'avenir de ne pas le rendre aussi contrarié qu'aujourd'hui ; s'il foirait une fois de plus, il ne savait pas si leur amitié durerait encore bien longtemps. A force d'être atteinte par-ci par-là, cette dernière comportait des fissures considérables. Mais ils faisaient tout ce qui était en leur pouvoir pour la garder intacte. Soudain, les mains de Lawliet se perdirent sur son torse, et malgré les vêtements qu'il portait, Min Gyu se sentit frémir au contact. C'était terriblement gênant, il voyait déjà les yeux ronds comme des soucoupes des gens qui passaient à coté d'eux. « Yah yah yah. » grommela-t-il en récupérant les mains de son ami pour les serrer dans les siennes, liant consciemment leurs doigts ensembles. Au moins, de la sorte, il l'empêcherait d'avoir les mains baladeuses, à ce petit malin. Son sourire s'élargit comme il entendit des murmures derrière eux, parce qu'il ne pouvait s'empêcher de trouver cette situation hilarante. Les gens devaient se faire tellement de films en les voyant taquiner l'autre ainsi. « Je dormirais avec toi, tu pourras même me tenir comme ton doudou préféré. Et tu sais, si je m'endors, il est possible que je ne me réveille pas avant toi. » ria-t-il doucement, son rire se transformant en un glapissement de surprise lorsque les dents de Lawliet ne vinrent mordiller sa joue. Ses joues prenaient une couleur plus rouge que rouge, et bien malgré lui, il se sentait gêné. Tant qu'il serait un vulgaire puceau, il continuerait à agir comme une écolière. Le jeune trèfle sentit l'anxiété du médium lorsque ses doigts se crispèrent sur les siens, ses jointures devenant rapidement blanches sous sa poigne. Mais il ne retira pas ses doigts pour autant. « C'est même pas une question, ça. Je ne te laisserais jamais tomber, Lawliet. Qu'on subisse une invasion de zombie ou que ce soit la fin du monde demain, je serais à tes cotés, quoi qu'il arrive. » reprit-il d'un ton plus sérieux. Parce qu'il ne voulait pas que son ami se fasse d'idées s'il répondait de façon superficielle. Ses paroles étaient sincères : jamais il n'oserait continuer à marcher et à garder la tête droite en laissant son ami derrière lui. Heureusement, Lawliet ne resta pas sérieux bien longtemps, et Min Gyu ria à nouveau en l'entendant parler, chatouillé par son souffle chaud contre sa joue. « Et s'il n'est pas content, il pourra toujours aller voir ailleurs si on y est. Mais tu dois me promettre que ce sera pareil pour toi, si tu as un petit-ami, ne m'oublie pas. »

Même s'il lui arrivait d'avoir de forts regrets concernant ce qui aurait pu exister entre eux, Min Gyu était satisfait de leur relation actuelle. Parce que Lawliet lui donnait exactement ce qu'il recherchait, sans l’avouer ouvertement : de l'affection à en étouffer et beaucoup de câlins. Il était bien trop fier et paresseux pour demander directement à quelqu'un de l'étreindre pour se sentir mieux. Généralement, quand il n'était pas d'humeur, il se roulait en boule dans son lit et dormait en attendant que ça passe. Lawliet était un véritable génie, parce qu'il arrivait souvent dans ce genre de situations, comme s'il avait un radar à tristesse de trèfle. Et même si Min Gyu râlait à cause de leur proximité, secrètement, il en profitait. Il gloussa en entendant ce que son ami disait. « Si je m'enroule comme un sushi dans les couvertures, je ne sais pas comment tu vas faire pour m'atteindre. » Parce qu'il dormait tout le temps comme ça, dans sa forteresse de couvertures bien chaudes et rassurantes. Ses parents croyaient qu'il avait peur du noir et des monstres dans sa chambre quand il était petit, et qu'il se cachait dans ses draps à cause de ça. Mais ça s'est révélé être une simple habitude. Ses pouces caressent doucement ceux de Lawliet, toujours liés aux siens. « Bien sûr que je lui dirais ça, je le mettrais dehors avec un coup de pied aux fesses même ! Personne ne piétinera sur notre amitié. » reprit-il sérieusement. Et il était sincère dans ce qu'il disait ; si son futur petit-ami refusait de le partager avec le jeune médium, et bien il n'aurait plus qu'à se trouver quelqu'un d'autre. Min Gyu avait déjà perdu Lawliet une fois, et il avait compris que c'était une erreur à ne pas refaire maintenant. Le corps du jeune trèfle se raidit un peu en entendant finalement la vérité couler de la bouche de Lawliet lui-même, avant qu'un soupir de soulagement ne lui échappe. Voilà, c'était dit, il avait l'impression de pouvoir avancer dans sa vie maintenant, sans regarder en arrière et se demander s'il n'y avait pas encore quelque chose à faire. « Je sais. Merci de me l'avoir dit. » Il lâcha une des mains de Lawliet pour atteindre ses cheveux derrière lui, pour les ébouriffer gentiment. Ils devaient tous deux être plus légers maintenant que tout était clair entre eux. Un nouveau rire sortit de sa bouche lorsque les lèvres de Lawliet se posèrent sur sa nuque, plusieurs fois. Il était légèrement chatouilleux, en effet. C'était presque dramatique comme instant, et s'il avait eu un cœur de guimauve à ce point, Min Gyu aurait pu en pleurer. Il défit les bras de Lawliet autour de son cou, pour se retourner et le prendre dans ses bras, le serrant fortement contre lui au point de l'empêcher de respirer correctement, ses doigts jouant avec les cheveux sur sa nuque. « Toi aussi. Tu seras toujours le seul. »  

C'était surement ça, une âme-soeur. Ce n'était pas pour rien qu'ils s'appelaient de la sorte entre eux, parce qu'après tout ce qu'ils avaient vécus, ils étaient encoe ensembles, plus proches que jamais. Ils en avaient vu des vertes et des pas mûres, et plusieurs fois, ils s'étaient perdus de vus, en croyant que tout était fini, pour se retomber dessus deux mois plus tard, complètement par hasard. Mingyu n'aimait pas vraiment croire au hasard, parce que c'était une recette facile pour les naïfs et les faibles d'esprit, mais il était convaincu qu'un lien étrange le reliait à Lawliet. Un peu comme cette histoire de fil rouge du destin, il semblait qu'un fil s'était tissé entre lui et Lawliet, et que malgré les épreuves qu'ils avaient traversés l'un à cause de l'autre, ce fil n'avait fait que se renforcer au lieu de se briser. Même en abandonnant tout et en refusant de revoir Lawliet, il savait qu'il finirait par le croiser tôt ou tard. Une telle relation n'était pas pour lui déplaire, au contraire. La plupart des amis qu'il avait ne traînaient pas avec lui à cause de son sommeil de plomb, parce que soi-disant c'était lourd de devoir se trimbaler un type qui dormait debout et avec les yeux ouverts. Alors oui, chaque jour de sa vie, Mingyu était capable de se dire : heureusement que Lawliet est là. Que ne ferait-il pas sans lui, d'ailleurs. Nouveau rire de sa part lorsque Lawliet affirma être sa couverture. « Hors de question que tu te couche sur moi, tu pèse ton poids, tu sais. » Il y avait cette petite étincelle dans ses yeux, celle qui brillait lorsqu'il plaisantait au point d'en exagérer. Parce qu'il avait déjà porté Lawliet de nombreuses fois dans sa vie, et il savait que ce dernier était aussi léger qu'une plume. D'ailleurs, à certains moments, ça l'inquiétait sérieusement, au point ou il se demandait si ce dernier mangeait convenablement. Mais il était dur d'interpréter l'état de santé du jeune médium, lui qui était toujours en train de sourire à tout le monde. Il sentit les doigts de Lawliet serrer fortement son t-shirt, tandis que son nez retrouvait refuge au creux de son cou. L'entendre s'excuser le rendit apathique, au point ou ses bras relâchèrent leur pression autour de la taille de son ami. Parce que c'était comme une pierre jetée sur son cœur, une épine qui s'enfonçait plus profondément dans son muscle de guimauve. Il chercha à répondre, mais sa voix continuait de se noyer au fond de sa gorge. « Arrête. » murmura-t-il finalement, forçant Lawliet à reculer, de façon à pouvoir plaquer ses mains sur ses deux joues. En pressant sur ses joues, la bouche de Lawliet se déformait et lui donnait envie de rire, même si l'humeur n'était pas aux rires et à la joie. « Tu me fais plus de bien que de mal, tu vas devoir t'en rendre compte un jour ou l'autre. Tu connais ce dicton, qu'une personne peut être le médicament comme le poison. C'est ce que tu es pour moi, même si tu me soigne plus que tu ne me tue. » Il ne relâcha pas tout de suite son ami, ses yeux mémorisant rapidement les moindres détails de son visage. Il se sentait devenir dramatique tout d'un coup, malgré les murmures des élèves qui continuaient de passer dans le couloir, et qui se demandait que diable ils pouvaient bien faire en se tenant de la sorte. « Je t'aime, d'accord. Tu est tout ce que j'ai de plus précieux dans ma vie, si je bouge mes fesses le matin, c'est bien pour te voir. Alors vire donc ces pensées-là de ta tête. » termina-t-il, en frappant doucement son poing sur la tempe du médium. Aujourd'hui aura été une journée forte en émotion, et son corps en ressentait l'impact : il se sentait plus mou que jamais.