Jang Won Shik ◘ mec pourquoi tu tripes ?

my story ₪ Une spirale infernale se crée dans ma tête, je la fais basculer en arrière, soupirant pour enfin fermer les yeux. Une lumière chaleureuse m'éblouie, j'entends au loin un accordéon, puis un violon. Je m'avance, ne reconnaissant pas le paysage. Perdu, je préfère suivre la musique, me rattacher à elle. Là, des ballons de toutes les couleurs, des enfants qui rient, de la lumière, des animaux, des clowns... je suis au cirque. Un drôle de cirque me direz-vous, rétro, tout comme les codes vestimentaires des visiteurs. Je les regarde de travers, malgré mon slim noir, mon débardeur avec son décolleté plongeant et ma veste en cuir, ils ne me prêtent pas un regard. Et là, là je vois mes parents. Mon père est encore magicien, ma mère l'assiste. Ils ont l'air plus jeune, ma mère n'étant pas encore bottoxé. J'ai compris. Je rêve. Je les regarde un long moment. Ils ont l'air en parfaite harmonie, ma mère sourie, elle a l'air heureuse, mon père quant à lui fait propre sur lui, pas de grosse chaîne en or et un goût prononcé pour les blousons en polyester. A la place, un chapeau haute forme, une veste en queue de pie, il est vraiment classe. Puis la musique baisse, ma vision se brouille. J'étais pourtant heureux, je ne veux pas me réveiller. Pas encore. Laissez moi apprécier cette vision du passé. Pitié. Mes yeux s'ouvre. Il fait noir ou presque. J'ai du mal à bouger, je ne sais pas où je me trouve. L'odeur nauséabonde qui vient chatouiller mes narines m'indique que je ne suis pas dans mon lit. Je gémis, essayant de me relever mais mon corps ne répond pas, pas encore. Entre temps, mes yeux se sont habitués à l'obscurité. J'arrive à distinguer des murs en béton, sans peinture ni décoration. Je tourne difficilement la tête et vois une seringue à mon bras. J'ai recommencé. Je bouge difficilement ma main droite, cette dernière tremblante vient attraper l'outil pour le retirer de mes veines. Je la pose comme je peux à côté de moi sur le matelas. Ma ceinture est dans ma mains gauche, qu'ai-je fait? Pourquoi suis-je ici? J'attends de reprendre mes esprits pour me lever. Décidément, la redescente de cette came c'est bien ce que je déteste. Mon corps se lève mais alors que je suis enfin debout, j'ai de terribles nausées. Je déglutis, pas ici, je ne veux pas rester. Pourtant mon corps m'y oblige, je m'appuie contre le mur et vomit tout ce que j'ai dans les tripes sur le matelas. Encore une tâche à ajouter à son palmarès. Pauvre vieux. Je met ma ceinture, difficilement comme à chaque redescente. Je ne sais pas encore dans quel squat j'ai atterri. Ma gorge est desséchée, j'ai soif. Il me faut de l'eau. J'avance difficilement vers la porte, marchant de travers. Ma tête vrille encore. Je ne suis pas prêt à partir, pas encore. Mes jambes me le font vite comprendre, chaque mouvement est une épreuve, elles tremblent, je me rattrape au mur, cette fois-ci j'ai bien failli tomber. J'aimerai appeler à l'aide mais je sais pertinemment que je suis seul, que ça ne servira à rien. Je déglutis une nouvelle fois, le goût de mes fluides gastriques m'irritent une nouvelle fois la gorge. C'est la fin, il ne me reste plus qu'à prier pour que quelqu'un arrive, mais qui? Personne ne sait où je suis et les mots sortent difficilement de ma bouche. Pitié, pas encore. Mon corps se fait lourd, je tombe pour de bon.

Je me suis cogné la tête sur le sol, j'ai senti le choc et pourtant je n'ai pas mal. Je me sens partir. Au loin j'entends des cris de jeunes adolescents. Ils me sont familiers, j'avance malgré moi vers eux, je les reconnais c'est eux, ces maudits collégiens, ceux qui me bizutaient dans mon enfance. Ils s'en prennent à un garçon et ne semblent pas me remarquer. Je ne suis que spectateur. L'enfant qu'ils martyrisent est un garçon à lunette, pas très beau. Il est renfermé sur lui-même, un bouquin de chimie dans les mains. J'ai l'impression de me voir en lui. J'avance malgré moi. Je voudrai les arrêter mais je ne peux pas, je n'y arrive pas, je n'ai pas la force. J'entends pourtant leur raillerie, ils se moquent de son intelligence, ils se moquent de lui, tête d'ampoule, Jimmy Neutron, tout y passe. Ce garçon, c'est moi à douze ans. Ma gorge se serre j'ai envie d'hurler, qu'ils me regardent, qu'ils voient ce que je suis devenu, qu'ils me disent que je suis un dragon et non ces mots répugnants. Je prends mon courage à deux mains puis j'hurle. Je me réveils, encore. Je suis allongé sur le sol toujours au même endroit. Ma main gauche passe difficilement dans mes cheveux. Je saigne. Je grimace, essayant de me relever grâce à ma main droite puis je remarque devant moi un homme en costume trois pièces. Un mafieux encore. Lui, c'est mon patron, c'est pour lui que je bosse à la base. Qu'est-ce qu'il fait ici? Est-ce lui qui m'a amené? Je ne me souviens de rien. Je preste en me relevant, ce dernier m'envoyant une gifle monumentale. "C'est comme ça que tu me remercies de te payer des études correctes?" hurle-t-il. Je tremble. Cet homme ne m'inspire pas confiance mais je n'ai pas le choix, la seule façon que j'ai trouvé pour vivre correctement c'est le lui obéir. Au final, je ne vaux pas mieux que mon père qui lui a vendu son âme quelques années après ma naissance. Honteux, je détourne le regard, restant silencieux. Je sais que si je parle je m'en prendrai une autre. Je me mords la lèvre et il commence son sermon. Il a l'air de dire que cet état est ma punition, pourtant je ne me souviens de rien, que s'est-il passé avant que je prenne cette merde? Ce n'est pourtant pas dans mes habitudes. Il continue et je l'écoute. C'est lui. C'est lui qui m'a amené ici, c'est l'un de ces hommes qui m'a enfoncé cette maudite seringue. Ils ont voulu me punir mais pourquoi? Je n'ai pourtant jamais rien fait pour ça. Je les ai écouté, j'ai enduré tellement de choses par leur faute. Mon père et son cabaret pourri, ma mère accro au crack, même Doggy, son chihuahua complètement coké. Je l'ai laissé me mordre la cuisse sans rien dire, ce petit enfoiré, et lui, le big boss, je lui ai toujours obéit au doigt et à l’œil, comme un chien. Alors pourquoi maintenant, pourquoi encore? Qu'ai-je fait bordel?!

Il me raccompagne chez moi. Ma gorge sèche me gratte pourtant je n'ai pas encore le droit de boire. Ici, c'est lui qui décide. Il attend probablement que je m'excuse, mais je ne peux pas, je ne comprends pas pourquoi et surtout, je ne peux pas encore parler. Je manque de tomber une nouvelle fois, dans les escaliers cette fois mais, une poigne viril me rattrape. J'ai manqué de peut de m'ouvrir la tête. Dans sa voiture il continue de me parler, me rappelant l'époque où j'étais au lycée, l'époque maudite où il décida de me prendre sous son aille. Après avoir été sa cible de moquerie, j'avais décidé de me reprendre en main, que je ne serai plus la cible de personne que cette fois, c'est moi qui allais leur en faire baver. J'étais devenu bagarreur et j'aimais ça, cette poussé d'adrénaline avant chaque combat. Après les cours, ce groupe mafieux me chargeait de leur course. J'étais jeune et con et faire partie de leur clan me donnait ce sentiment de puissance. Pourtant, ce n'était pas pour mes poings ni ma belle gueule qu'ils m'avaient recruté mais mon talent. A la fin du lycée, ils m'avaient promis de me payer des études à l'université à condition de créer pour eux des drogues synthétiques comme l'acide. J'avais accepté. C'était la seule façon pour moi de m'en sortir. Peu à peu, je tombais dedans, voulant goûter les produits. Pourtant, je savais toute la merde que j'avais mis, mais ce goût d'en finir vite me poussait à me détruire de l'intérieur. C'était peut être pour ça qu'ils m'avaient injecté cette came dans les veines, peut être que j'avais fait le con avec l'acide. Le speed, c'est pourtant si bon.