this is a fuckin' game.

Mes talons claquent si fort sur le sol que j’ai l’impression d’être seule au monde dans cet immense couloir. En même temps, je suis tellement bourrée que j’arrive pas à contrôler la force de mes pas. Mes mains s’accroches aux murs de pierres tandis que j’essais de retrouver un équilibre certain. Bordel de merde, qu’est-ce qui à bien pu se passer pour que je finisse dans cet état ? J’ai pourtant pas autant bu que ça. C’est encore cet enfoiré de Yo Han qui à dû foutre un truc glauque dans mon verre. Quoique, Nam Shik est pas mal dans son genre aussi. J’suis carrément outrée, depuis quand les sous-cartes font ça à leur sublime Queen ? Nan mais, j’suis quand même la plus cool de toutes. Y a pas mieux que moi : bon okay, peut-être que si. Mais je suis déjà tellement arrachée que j’arrive pas à penser correctement. Je fais deux pas de plus et manque de m’écrouler parterre. Pas possible que ce soit un Spades qui ait fait ça. J’ai l’impression de retourner deux ans en arrière, lors de mon very bad trip à Las Vegas. J’ai faillis marier Rob à une stripteaseuse transexuelle et on à défoncé la suite de luxe du Cesar Palace. En même temps, faut pas nous lâcher dans la nature comme ça. Encore pire en Allemagne. Je me suis retrouvée dans une sorte de club échangiste bizarre au coeur de Berlin. J’avais rien demandé moi ! A croire que je suis abonnée aux merdes en tout genre.

Bref, je zigzague un peu, je tente de lâcher le mur histoire de tester mon centre de gravité. J’arrive au bout du couloir, c’est dingue, il est vachement long ce truc. La musique sourde du club résonne dans mes oreilles, c’est comme si tout c’était éloigné de moi. J’ai l’impression d’être à dix kilomètres de la fiesta. Un pas de plus et je trébuche, me rattrapant à ce que je peux. Une chemise ? Wow, c’est musclé là-dessous. Putain il est grand aussi. Ce nez, ces yeux, cette bouche. Shit, j’ai vraiment envie de l’embrasser. Mon esprit se rempli d’un feu d’artifice multicolore à la vue de mon bel étalon bridé. Bordel, c’est vraiment lui. Nan, encore une hallucination. L’autre jour je décuvais dans mon bain et j’ai cru qu’il était là. Ô fausse joie quand j’ai cligné des yeux. « Yi… Feng…? » J’essai d’articuler mais j’ai un peu de mal en vrai. C’est probablement un rêve, un foutu rêve. Gosh, j’ai vraiment, vraiment envie de l’embrasser là. Je vais tester, si c’est un mirage j’embrasserais du vent au pire. Avec le peu de force qu’il me reste, je tend mes lèvres vers lui. Son visage semble à moitié flou et j’arrive à mon but. C’est humide. Putain de merde. C’est pas une hallucination ? Je me fige, les yeux grands ouverts.

this is a fucking game.

I ask myself: ▽ Would there be a time when you'll pretend to be sober so you don't recognize me? 

Bon, me voilà. Encore une fois fourré dans une soirée au plus pur style spades. Je ne sais pas, je ne trouve plus autant de plaisir à trainer dans ce genre de soirée, encore moins dans ce genre de boîte. Ma mère avait peut-être raison en disant que j’étais le portrait craché de mon père ? Lui aussi était très fêtard, et plus les années ont passé, plus il appréciait les soirées plus sélectes, et les moments en famille. C’est peut-être l’âge, pourtant je ne suis pas si vieux, si ?

M’installant près du bar, jouant avec l’olive de mon martini que je ne mangerai définitivement pas, je finis par porter de l’attention à la très charmante demoiselle qui se trouve à ma droite. Ses longs cheveux noirs semblent avoir été bouclés pour l’occasion, et son sourire est des plus ravissants. Quelques mots échangés, et je commande un verre pour elle. Certainement, ne cherche-t-elle que ça, à se faire payer la soirée, mais au vu de mon ennui, je peux bien entrer dans son jeu. Un jour peut-être, je me rendrai compte, que l’on porte un réel intérêt pour ma personne, en attendant, je reste toujours aussi imperméable à ces relations sociales. Chassez le naturel, il revient au galop, à l’expression de la demoiselle, je suis prêt à parier que je n’ai pas utilisé la bonne formulation pour ce que je viens de dire. Voilà, encore une preuve, qu’il ne faut pas que j’ouvre ma bouche dans ce pays, leur langue est bien trop étrange, je saisis pas…

Je m’excuse, et me tourne vers le barman, lui pointant mon verre vide. Je sors mon paquet de cigarettes de ma poche, et je m’excuse auprès de la demoiselle, dont le prénom est Soo Hee, peut être que la fumée la dérange. Un rapide geste de zippo, et voilà la fumée s’échappant de ma bouche. Ma main se ferme autour du nouveau verre, mais dieu merci, je ne l’ai pas levé. On vient de me rentrer dedans. A croire que c’systématiquement pour ma poire ce genre d’action. Je me tourne, et je ne peux m’empêcher de soupirer en levant les yeux au ciel. Pourquoi ? Pourquoi moi ? « Oui Lily ? » Je hausse un sourcil alors que je la vois se mettre sur la pointe des pieds, malgré ses talons, et s’avancer vers moi, les lèvres bien en avant. Mon index se pose alors aussitôt sur son front, maintenant bien la distance entre nous. Déjà que je suis pas doué, comment finir avec Soo Hee alors qu’elle débarque comme ça ? Je fixe quelques instants ses yeux, profitant des lumières pour bien les discerner. Elle est stone. Génial. « Donnez moi un grand verre d’eau s’il vous plait… » Dis-je au barman ; la rafraîchir sera déjà une bonne chose à faire, j’ignore ce qu’elle a pris, mais se déshydrater ici serait débile.

(c) AMIANTE

Ouais, en fait, y a carrément rien d’humide là-dedans. A fond, je tend toujours mes lèvres en fermant les yeux. Bordel, la route est longue, pourquoi est-ce que j’ai l’impression d’être bloquée du cerveau ? Non seulement je suis déchiré mais j’ouvre un oeil l’un après l’autre. Mes pupilles vrilles un peu et je me rend compte que Yi Feng à son doigt posé sur mon crâne et me repousse le plus naturellement du monde. « Fuck Off… » Oups, c’est sorti tout seul. J’ai vraiment cru que je planais. Enfin, théoriquement j’suis vraiment stone, mais sur le coup Fengman est plus réel que jamais. Je fronce les sourcils en finissant par reculer, manquant je peux de tomber. « What the hell a…? » Je ne termine pas ma phrase. Si j’avais su un jour, que moi, Lily, je pourrais être confuse, j’me serais surement jetée d’un pont. Ou travestie, peu importe, ça ne me ressemble absolument pas. Je l’entend commander un verre d’eau au barman. Arf, j’sais bien que s’il avait pu il aurait demandé un verre de vinaigre.

Je tangue légèrement mais tente de prendre un air détaché. Mon cerveau est tellement défaillant que j’ai l’impression de voir des étoiles tout autour de moi. Plus jeune j’avais déjà testé pas mal de truc mais là, sur le coup, ça craint un max. Je suis alcoolique sur les bords mais de là à me transformer en Yo Han Girl, ça va pas le faire. J’inspire un bon coup, plante une main sur ma hanche et un doigt face à Feng. J’avoue, je suis un peu trop près, j’pourrais presque toucher son nez avec le bout de mon ongle. Mais je tremble tellement que j’ai l’impression d’être un vibromasseur grandeur nature. « T… Toi. » Oulah, que pasa, j’arrive plus trop à aligner trois mots. Je regarde le plafond, comme soudainement inspirée par celui-ci. Le barman me tend finalement le verre d’eau et je m’y reprend à deux fois pour enfin l’attraper. Voulant boire une gorgée, je me le renverse entièrement dessus. « Oh… Bah… Merde… » Je me retiens du mieux que je peux mais j’explose de rire tellement fort que je fais sursauter la nana d’à côté. Que… Qu’est-ce qu’elle fou là celle-ci ? Bien trop droguée pour me contrôler, moi et mon amour fou pour le bellâtre Chinois, je me retourne vers elle en pointant le verre vide dans sa direction. « T’es QUI toi ? » Je lui offre mon regard le plus noir qu’il soit mais j’suis tellement dans un sale plane que je dois plutôt avoir l’air d’une schizophrène.