NAM SHIK ♠︎ I've gone identity mad!

Quelle idée encore, d’accepter un défi pareil, se dit la jeune Youbuteuse alors qu’à l’aide d’un pinceau et de quelques crèmes de contouring, elle s’occupe d’adoucir les traits de son ami pour les rendre plus féminins. Sans se rendre compte, depuis qu’elle a commencé, elle ne fait que pousser des râles d’ennui. Nam Shik ne se rend évidemment pas compte de l’embarras que ça peut causer s’ils sont repérés ainsi et reconnus. Tout autour d’elle, elle a éparpillé du maquillage à n’en plus pouvoir car non seulement elle doit le maquiller mais avant tout tester les produits sur la peau de Nam Shik pour être sûre qu’ils lui vont et sont à son teint. Elle s’est relevé les cheveux en un petit chignon désordonné et a posé sur son petit nez retroussé des lunettes de vue pour mieux y voir et éviter de lui enfoncer le pinceau à fond de teint dans l’oeil. « Je comprends pas ce qu’il t’a pris d’accepter… Et je comprends encore moins ce qui m’a pris de dire oui… » Un nouveau râle d’énervement s’échappe de ses lèvres tandis qu’elle ajuste le bandeau supposé retenir les cheveux de Nam Shik autour de sa tête afin qu’aucune mèche ne retombe sur son visage et ruine déjà une demi-heure de travail acharné. Ayant presque achevé son travail sur le visage de Nam Shik, sans parler des yeux qu’il lui reste à maquiller, elle prend un petit pinceau et tapote ses poils propres dans une poudre de contour plus sombre avant d’appliquer la poudre de chaque côté de l’arête de son nez, puis de bien intégrer la poudre au reste. Un long soupire s’échappe alors qu’elle repose le pinceau et étire ses bras vers le ciel en cambrant son dos légèrement meurtri. « Aller, plus que les yeux et ce sera à moi… » marmonne-t-elle en gémissant de soulagement quand elle entend les os de son dos craquer légèrement. Heureusement, ils ne sont pas au campus. Il aurait été beaucoup trop compliqué d’expliquer leurs tenues à leurs amis et collègues et c’est Karen qui a exigé qu’ils soient ailleurs. Ainsi, s’est-elle dit, un parc uniquement occupé par des vieilles personnes promenant leurs chiens a largement fait l’affaire, pour cette occasion. « Ça va, pas de brûlures, pas de démangeaisons ? » demande-t-elle pour s’assurer qu’il n’aura pas de problème.

Assis bien gentiment sur un petit tabouret, je n'osais pas vraiment bouger de peur de m'en manger une. Karen semblait si appliquée qu'elle me foutait presque les pétoches. Je sentais bien que les moyens qu'elle mettait en œuvre pour me rendre belle la gonflait. Je pouvais comprendre. Mais un gage restait un gage. Il m'était impossible de refuser.. c'était dans mes gênes. J'étais un idiot certes mais pas un dégonflé ! « Je comprends pas ce qu’il t’a pris d’accepter… Et je comprends encore moins ce qui m’a pris de dire oui… » Un sourire étirant mes lèvres, je réprimais ce petit ricanement qui suivait à chaque fois. J'adoptais plutôt un air innocent. Comme les enfants pour ne pas se faire gronder trop sévèrement. « Noona tu me connais. Je peux pas dire non et puis on a perdu. C'est le jeu. » La regardant d'un œil attentif alors qu'elle semblait vraiment mettre tout son petit cœur dans ce long processus de transformation, je me retenais d'éternuer lorsqu'elle m'appliqua la poudre. Mon nez me démangeait mais je ne pouvais pas le toucher. A la place, je le remuais discrètement quand elle ne me regardait pas. « Aller, plus que les yeux et ce sera à moi… » Les lèvres pincées, j'étais impatient de me voir. J'avais une entière confiance en la spade face à moi. Ma Noona était la meilleure. Elle allait sûrement faire de moi un canon de beauté. Méconnaissable le Shikos. Il allait falloir qu'on prenne des photos. Oh oui ! Mei allait sûrement se moquer de moi. « Ça va, pas de brûlures, pas de démangeaisons ? »  Secouant la tête comme un petit chien bien obéissant, je remuais pourtant mon nez comme un petit hamster. Cette poudre me chatouillait les narines. « Tain je sens la meuf.. je putain de sens la gonzesse !» Un soupire passa mes lèvres mais le sourire n'était pas loin. « Dire que vous devez faire tout ça dés le matin.. Franchement je pourrais pas perso. J'vous admire vous les meufs.. un truc de malade. Ce qu'il faut être patient. » Levant les yeux vers ma noona préférée par la suite, j'adoptais un air attendri. « Quoi que franchement t'as pas besoin de tout ça Karen.. Toi t'es belle naturellement.. le maquillage ça sublime juste. » Et bim, le petit compliment qui passe bien. Rien que pure vérité cependant.

Karen lui adresse un regard noir quand il lui fait remarquer qu’effectivement, ils ont bel et bien perdu un gage. Ce n’est absolument pas le moment de la contredire car elle pourrait très bien, en deux ou trois coups de pinceaux, le faire ressembler à une prostituée du bois de Boulogne. Elle reprend son travail calmement en se raisonnant. Ce n’est pas grave. Il est trop tard pour reculer, maintenant. A présent, il lui faut simplement aider son ami et membre du crew à réaliser son gage. Mais lorsqu’il se plaint de sentir la meuf, comme il dit, autrement dit le maquillage tout simplement, elle se dit que ce petit pinceau lui servant à appliquer le fard à paupières lui servirait tout aussi bien d’armes qu’elle n’en ferait même plus la différence. « Ta gueule. Sérieusement, ta gueule sinon je te fais ressembler à Jeffrey Star. » souffle-t-elle, à bout de nerfs. Elle ne s’attaque que rarement à des maquillages si extrêmes à l’exception d’Halloween, où elle fait toujours un effort. Récemment, elle a également dû aider Ah In à devenir une sirène et maintenant il faut s’occuper de Nam Shik à devenir une strip-teaseuse transsexuelle… euh, une femme. On dirait presque que les deux se sont passés le mot. Seulement, les seuls mots que ces deux-là se passent sont des insultes à n’en plus finir.

La jeune femme lui adresse un sourire furieux. « On fait pas ça tous les matins, là il faut juste plus de travail… vu ta tête. » Et pan, dans tes dents. Puis, elle hausse les épaules et reprend plus sérieusement : « Tu sais, le matin, on se rafraichit juste le teint et on met de l’eye liner. Du rouge à lèvres aussi, si on est motivées. Mais ça s’arrête là. C’est s’il faut sortir qu’on se maquille plus, qu’on prend notre temps. » Elle sait bien qu’elle semble être une exception, toujours parfaitement maquillée, comme si elle sortait en soirée. Elle ne peut s’empêcher de sourire à son compliment mais n’y croit pas un seul instant. Il se trompe de personne, se dit-elle. « C’est ça… » Elle n’y prête pas plus attention car, alors qu’il parlait pour râler, elle s’était contentée de terminer son maquillage. Elle nettoie ses pinceaux à la vitesse de l’éclair puis tourne le miroir dans le bon sens pour s’aider puis commence sans un mot à travailler sur son propre maquillage. Le fond de teint, le correcteur, la poudre fixante, refaire les sourcils car ce n’est pas avec ses trois poils qu’elle va ressembler à un homme, s’arranger avec deux douzaines de crayons pour se confectionner une petite barbe qui ressemble un tant soit peu à une vraie, durcir ses traits et les élargir légèrement. Ses gestes sont plus assurés sur son propre visage que sur celui de quelqu’un d’autre car elle n’a pas peur de se blesser, ou de se mettre le mascara dans l’oeil, comme cela arrive souvent. Lorsqu’elle en a terminé, elle pose une dernière fois son pinceau et se redresse pour se dévoiler entièrement à Nam Shik. « Bon, d’une manière ou d’une autre, ça devra faire l’affaire. »